François Gemenne est professeur à Sciences-Po et co-auteur du 6ème rapport du GIEC. J’ai eu la chance d’assister à sa conférence passionnante sur les impacts du changement climatique sur l’humanité, et comment réagir. Cette conférence s’intègre dans le cycle de conférence organisées par les militants de la MAIF. Les sociétaire reçoivent l’invitation, et tout le monde peut y aller.
Le climatosepticisme a disparu : plus personne (ou presque) ne conteste la réalité du changement climatique, ou qu’il est la conséquences d’activités humaines qu’il faut impérativement infléchir.
Place au climato-défaitisme : « à quoi bon », « de toute façon il est trop tard »… Voilà les nouveaux discours qu’il faut combattre, et voici comment !
𝐎𝐩𝐢𝐧𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐫𝐞́𝐜𝐨𝐧𝐜𝐢𝐥𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐞̂𝐭𝐬

Le changement climatique est un sujet de préoccupation majeure et unanimement partagé : entre 85% et 90% des Français se disent préoccupés.
Une étude mondiale menée sur 117 000 personnes dans 120 pays confirme l’existence d’une ‘opinion publique mondiale’ sur ce sujet.
Malgré ce consensus sur le diagnostic, la question des solutions divise profondément et fait apparaître des clivages, empêchant l’émergence d’un projet commun.
Pourquoi ?
Trois malentendus à faire sauter
François Gemenne a commencé par présenter trois malentendus à « faire sauter » sur le changement climatique. Bien se comprendre est un prérequis pour bien travailler ensemble.
💡 𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐦𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐮 : 𝐜𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐫𝐢𝐬𝐞, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
Avec le changement climatique et la crise écologique, nous ne vivons pas une parenthèse qu’il suffirait de “refermer”. Nous changeons d’ère.
Et plus tôt nous l’acceptons, plus vite nous pourrons bâtir une nouvelle normalité, choisie plutôt que subie.
🌡️ 𝐃𝐞𝐮𝐱𝐢𝐞̀𝐦𝐞 𝐦𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐮 : 𝐜𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐛𝐢𝐧𝐚𝐢𝐫𝐞, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐠𝐫𝐚𝐝𝐮𝐞𝐥
Le changement climatique est un problème graduel, et non binaire. Se demander si c’est gagné/perdu, trop tard/encore temps, comme le fait le climato-défaitisme, n’est pas approprié.
Chaque dixième de degré de réchauffement a une importance considérable, ce qui signifie que chaque action, initiative ou innovation compte.
🛁 𝐓𝐫𝐨𝐢𝐬𝐢𝐞̀𝐦𝐞 𝐦𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐮 : 𝐔𝐧 𝐩𝐫𝐨𝐛𝐥𝐞̀𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤 𝐞𝐭 𝐧𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐟𝐥𝐮𝐱
François Gemenne utilise l’analogie d’une baignoire qui se remplit : même en réduisant le débit, le niveau de l’eau continue de monter tant que le robinet n’est pas complètement fermé.
Ainsi, la température de la Terre, qu’on vise à +2°C, continue de monter tant qu’on n’a pas atteint la NEUTRALITE CARBONE.
Des leviers d’action
Après les 𝘮𝘢𝘭𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘶𝘴, place aux 𝗹𝗲𝘃𝗶𝗲𝗿𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲𝗿 𝗮̀ 𝗹’𝗮𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻.
🎯 𝟏. 𝐋𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐣𝐞𝐜𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐭𝐨̂𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐨𝐛𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐟𝐬 𝐥𝐨𝐢𝐧𝐭𝐚𝐢𝐧𝐬

« Les objectifs à long terme diluent la responsabilité. »
Les horizons climatiques fixés à 2030, 2050 ou 2100 sont nécessaires… mais trop lointains pour créer l’élan collectif.
Ce décalage nourrit un effet pervers : le 𝗰𝗹𝗶𝗺𝗮𝘁𝗼-𝗱𝗲́𝗳𝗮𝗶𝘁𝗶𝘀𝗺𝗲 — la conviction qu’il est trop tard et que tout est perdu.
👉 Fixons-nous des 𝗼𝗯𝗷𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳𝘀 𝗮̀ 𝗰𝗼𝘂𝗿𝘁 𝘁𝗲𝗿𝗺𝗲, concrets et atteignables.
Ils rendent la transition visible, mesurable et porteuse d’énergie.
Chaque étape franchie devient une victoire qui alimente la suivante.
📣 𝟐. 𝐋𝐚 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜𝐢𝐭𝐞́ : 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐥𝐞 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭
La communication sur les innovations et les engagements climatiques est un 𝗺𝗼𝘁𝗲𝘂𝗿 𝗱’𝗶𝗻𝘀𝗽𝗶𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻.
Elle montre que la transition est en marche et qu’elle fonctionne.
Pourtant, de nombreuses entreprises pratiquent aujourd’hui le 𝘨𝘳𝘦𝘦𝘯𝘩𝘶𝘴𝘩𝘪𝘯𝘨 — elles taisent leurs actions par peur d’être accusées de 𝘨𝘳𝘦𝘦𝘯𝘸𝘢𝘴𝘩𝘪𝘯𝘨 ou d’apparaître idéologiques.
C’est dommage : 𝘀𝗮𝗻𝘀 𝗿𝗲́𝗰𝗶𝘁 𝗽𝗼𝘀𝗶𝘁𝗶𝗳, 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲 𝗱𝘆𝗻𝗮𝗺𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗰𝗼𝗹𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲.
👉 Mettons en lumière ceux qui innovent, même imparfaitement.
Comme le dit Gemenne :
« 𝘚𝘪 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘢𝘤𝘳𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘦𝘳𝘢𝘪𝘵-𝘤𝘦 𝘲𝘶’𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘳𝘢𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘦́𝘯𝘦𝘳𝘨𝘪𝘦 𝘢̀ 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘶𝘳𝘢𝘨𝘦𝘳 𝘤𝘦𝘶𝘹 𝘲𝘶𝘪 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘤𝘦𝘯𝘵, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘧𝘦𝘳𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘥𝘦 𝘨𝘦́𝘢𝘯𝘵. »
🌱 𝟑. 𝐋𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭 : 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐮𝐧 𝐩𝐫𝐨𝐠𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐞́𝐬𝐢𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞
La transition écologique n’est pas une punition, mais un 𝗽𝗿𝗼𝗷𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝘀𝗼𝗰𝗶𝗲́𝘁𝗲́ 𝗲𝗻𝘁𝗵𝗼𝘂𝘀𝗶𝗮𝘀𝗺𝗮𝗻𝘁.
Elle peut nous apporter :
✅ des logements plus confortables,
✅ des transports plus fiables,
✅ une énergie plus sobre et souveraine,
✅ une alimentation plus saine.
C’est en incarnant ces bénéfices concrets que nous restaurerons la confiance dans le progrès et dans nos démocraties.
Conclusion
Pour sortir de l’impasse et avancer ensemble, François Gemenne plaide pour 𝗱𝗮𝘃𝗮𝗻𝘁𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗻𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗽𝘂𝗯𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲.
👉 La 𝘊𝘰𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘊𝘪𝘵𝘰𝘺𝘦𝘯𝘯𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘊𝘭𝘪𝘮𝘢𝘵 avait montré que, bien informés, des citoyens peuvent construire un 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗲𝗻𝘀𝘂𝘀 𝗳𝗼𝗿𝘁 sur des mesures ambitieuses. Il appelle à renouveler ce genre d’échanges, à différentes échelles locales, régionales et nationales.
💬 Et vous, sur quels sujets aimeriez-vous débattre collectivement ?
Quels 𝘱𝘳𝘰𝘫𝘦𝘵𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘤𝘳𝘦𝘵𝘴 pourraient redonner confiance autour de vous ? Dites-le moi en commentaires !
Merci beaucoup pour ce texte témoignage, qui retranscrit avec clarté un point de vue pertinent et constructif sur ce défit écologique et sociétale.
Ça fait grand bien de se repositionner ainsi et de se projeter dans un engagement personnel et collectif, juste, réaliste et porteur d’espoir.
Les moments de crises sont aussi l’opportunité de se reconnecter et de se mobiliser dans nos plus belles valeurs humaines. Et pour cela nous avons besoin d’ajuster certains angles de vue.
Merci de contribuer au partage de ces idées et valeurs qui me tiennent tant à coeur !